Le Traou Mad : un truc de dingue !
Salut !
Il parait qu’en Bretagne, « Traou-Mad » veut dire « bonnes choses ». Chez Casimir, une bien belle adresse cachée à l’ombre de l’église Saint-Vincent-de-Paul, ils ont décidé de prendre l’expression au pied de la lettre en proposant une douceur pantagruélique à mi-chemin entre un buffet campagnard entre potes et un brunch bretonnisant frisant la décadence. Carpe Diem en mode hardcore, les samedis et dimanches de 10h à 19h00 non-stop, la boustifaille est à volonté, succulente et à s’en faire péter la sous-ventrière. J’en fais trop ? Ben, non, pour 25€, on a découvert une adresse qui ne prend pas le client pour un touriste.
Une demi-douzaine de salades et crudités, du tartare de saumon, des harengs à l’huile et du risotto aux encornets, des terrines et du boudin, des bulots et du crabe, du magret fumé et de l’oie farcie, une trancheuse garnie d’une collection de charcuteries, une soupe de poissons dans une jarre de cinq ou dix litres, de la mozzarella marinée, du caviar de lentilles à la Morteau, des haricots blancs au haddock… Attention, il y a un piège car ce n’est que le début.
Naïfs que nous sommes, nous nous en étions déjà collé allègrement deux assiettes en travers du gosier quand l’aimable serveur déboula avec une omelette aux champignons. Puis des huitres. Puis des coquilles Saint-Jacques marinées. Puis une cassolette de volaille. Et du poisson en sauce, aussi, histoire de bien nous faire comprendre que nous sommes tombés sur des extrémistes de la bonne bouffe, généreuse à souhait. Un bémol, tout de même, nous avons renvoyé la cassolette en cuisine mais je n’en veux pas plus que ça aux deux cuistots de nous avoir servi une volaille à la cuisson bien trop brève, vu le bouillon qu’ils prennent à cause de la bande d’affamés qui traine en terrasse.
L’ambiance est d’une rare décontraction, puisqu’il faut se servir et dresser sa table, faire tourner les planches de terrines et ramener du pain pour la table voisine tant qu’on y est à faire le déplacement. Je vais même faire un tour en cuisine, histoire de négocier du rab pendant que ma douce passe derrière le comptoir pour se servir une carafe d’eau parce que, tu comprends, le taulier est déjà occupé à ouvrir des huitres et les huitres, c’est sacré ! Il faut savoir jouer des coudes à l’abord du comptoir, ne pas hésiter à déposer une pile d’assiettes sales en plonge pour faire table rase avant de repartir à l’assaut, rester en embuscade pas loin du buffet après avoir entendu parler d’un foie gras en cuisine, bref, faire preuve d’un peu de débrouillardise dans ce joyeux capharnaüm qui tourne très bien une fois qu’on en a compris le principe.
Côté pinard, la méthode est implacable, puisque là-encore chacun va se chercher sa bouteille à la cave, vendue à prix caviste (un parfait Pouilly Fumé à 14 euros), puis se la fait ouvrir au comptoir. Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à entamer un nouveau flacon, puisqu’il est possible de repartir avec les boutanches entamées.
Là où le traou-mad de chez Casimir devient totalement démentiel, c’est lorsque d’une démarche chaloupée on arrive en vue du buffet de desserts : du far breton, un fondant au chocolat à couper à la cuillère, du crumble aux pommes, des madeleines, du pain d’épices, de la teurgoule et du riz au lait, des compotes en tout genre, une marmelade d’oranges pour laquelle on vendrait sa grand-mère, des sablés, un tiramisu démoniaque… Au secours, c’est de la folie furieuse.
On jette l’éponge après deux heures d’épique combat, bienheureux vaincus que nous sommes sous une avalanche constante de succulents mets dont nous bombarde la cuisine. Mais, environ deux cafés plus tard, alors que l’ombre de l’église voisine s’étend enfin sur le théâtre des opérations, mon copain Ousmane sort de sa cuisine pour nous dire qu’il vient tout juste de sortir un kouign-amann de son four, accompagné d’un ananas confit et de petits bocaux de mousse au chocolat blanc. Il n’en faut pas plus réactiver le pilote automatique en direction du buffet. Il faudrait être un moine tibétain pour accepter de passer à côté.
Chez Casimir, on n’y vient pas en amoureux pour se faire un tendre moment aux chandelles à la sauce Saint-Valentin. Pas qu’on y passerait un mauvais moment, mais ce n’est pas la philosophie du lieu. Ca aurait pu s’appeler « les copains d’abord » et c’est entre copains que je compte bien y retourner. Style le 9 mai.
Chez Casimir, 6 rue de Belzunce, 75010 PARIS, 01 48 78 28 80
4 réponses à Le Traou Mad : un truc de dingue !
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J’en ai l’eau à la bouche !
In pour le 9
merci pour l’adresse …
CLquipopotte♥♥♥
Merciiiiiiiii pour cette critique aussi sympathique qu’appétissante ! J’ai bien rit !
J’espérais bien faire naitre quelques sourires lorsque j’ai commis cette rédaction. Objectif atteint!
Sinon, je précise que je suis très sérieux pour le rdv du 9 Mai (dimanche prochain).